Richarde de Souabe
Richarde de Souabe est née en 843. Femme chrétienne engagée en politique, elle est morte première abbesse d’Andlau le 18 septembre 896.
Fille du noble Erchanger de Souabe, comte palatin de Nordgau, elle connaît une enfance heureuse dans la contrée montueuse d’Andlau et épouse en 862 un jeune prince carolingien Charles le Gros, auquel le gouvernement de l’Alémannie est promis. Par le jeu des héritages, son époux devient un incontournable roi de Francie, puis empereur d’Occident en 881.
Humiliée puis répudiée par l’empereur, son mari atteint de paranoïa, Richarde, belle femme chrétienne, est devenue par la légende chrétienne une figure de dévotion tutélaire, signifiant le bon pouvoir régalien. Elle est canonisée en 1049 sous le nom de Sainte Richarde d’Andlau.
La légende de Richarde
En 887, Richarde, vertueuse épouse de l’empereur Charles le Gros depuis plus de dix ans est accusée d’inconduite. À son mari jaloux, elle veut montrer son innocence et se soumet à l’épreuve du feu. Nus pieds et vêtue d’une chemise enduite de cire, elle traverse les flammes sans la moindre brûlure. Justifiée mais meurtrie par le vil soupçon, elle quitte le château impérial et s’en va dans la forêt. Un ange lui apparaît et lui enjoint de fonder un monastère à l’endroit que lui indiquera une ourse. À l’entrée du val d’Eléon, sur les bords du torrent, elle aperçoit la bête annoncée qui gratte la terre.
En ce lieu s’élève l’abbaye d’Andlau, conclut la légende. En réalité, Richarde a déjà fondé Andlau depuis sept ans quand Charles le Gros la répudie. Perpétuant le souvenir de la fondation légendaire, qui renouvelle l’ancienne hiérophanie, la pieuse maison des chanoinesses d’Andlau a longtemps entretenu un ours vivant ainsi que logé et nourri gratuitement les montreurs d’ours de passage.
Enfin, il faut signaler, en répétant les conteurs lorrains épris d’un imperium de la beauté, que la grande et élégante Richarde était « la plus belle femme que oncque vit en ce monde ». Et de proposer avec malice une version fort ancienne de la belle et la bête, la création et l’art savant contre le pouvoir politique et l’oppression violente.
Richarde et Birkenwald
Birkenwald, une ancienne possession de l’abbaye d’Andlau, est situé dans les domaines que cette abbaye possédait dans les Vosges. La fondatrice de l’abbaye avait en effet obtenu de son époux, Charles le Gros, la permission d’unir tous ses biens patrimoniaux reçus en dot aux domaines de son abbaye, ce qui représentait une fortune colossale.
Tous ces domaines, forêts, villages avec droits seigneuriaux, dîmes et patronages, furent érigés en fiefs.
A Birkenwald, l’abbaye d’Andlau fit construire un petit château, demeure de son Avoué. Il reste peu de traces de l’ancien édifice sur lequel Nicolas Jacques d’Ingenheim fit construire le Château actuel en 1562.