Fanny


Charles Ferdinand Dupré de Dortal de Birkenwald

Charles Ferdinand était un grand seigneur, savant, protecteur des Arts et des Lettres. Sa personnalité devait être forte et rayonnante. Un touriste allemand, homme cultivé s’occupant de philosophie et de philanthropie, aimait les randonnées à travers les Vosges et notait ses impressions. Ses pérégrinations le menèrent à Birkenwald où il se fit recevoir au Château par Charles Ferdinand. Il nota ceci : « Birkenwald, village pittoresque dans les montagnes, sur la route d’Engenthal, est remarquable comme résidence d’un des plus savants et des plus éclairés chevaliers d’Alsace. Le seigneur de Birkenwald entretetient une correspondance avec Voltaire et de nombreux savants français séjournent un certain temps auprès de lui. Charles Ferdinand manque cependant de bons lecteurs car il était aveugle des deux yeux. Il perdit en effet un œil sur le champ de bataille et l’autre s’éteignit aussi plus tard. Je me suis entretenu très agréablement avec lui, pendant une bonne heure. On m’avait vanté sa très grande qualité physiognomique. Il sait effectivement juger très justement les gens d’après leur voix et leurs paroles ». Charles Ferdinand mourut le 19 janvier 1783 à Strasbourg et fut enterré comme tous les seigneurs de Birkenwald au chœur de l’église paroissiale. Une Epithaphe apposée au chœur rappelle son souvenir.

Charles Ferdinand avait épousé en 1778 en l’Eglise de Birkenwald Marie Elisabeth de Musiel de Berg de Bissingen. Leur union laissa deux enfants : Marie Sophie et Marie Françoise Wilhelmine Cécile Jacinthe Colette Ferdinande, dite Fanny.

Epitaphe du père de Fanny à l’église Saint Louis de Birkenwald

La légende de Fanny

Fanny fut investie du fief en 1783. Elle n’eut guère le temps d’en profiter car la révolution passa sur le village. Madame de Musiel de Berg et sa fille Fanny émigrèrent en Autriche. A la cour d’Autriche, où les deux dames eurent leurs entrées. Fanny, remarquablement belle, obtint un grand succès. Elle fut nommée Dame de l’Ordre de la Croix étoilée et épousa le 6 mai 1802 le Marquis de Grimaldi de Gênes.

Son bonheur fût de courte durée, car le Marquis mourut après quelques mois de mariage en 1803, laissant à la jeune veuve une fortune considérable.

Encore très jeune, belle, riche, habitant un magnifique palais à Florence, elle était entourée de prétendants. Alors qu’elle s’apprêtait à contracter un second mariage, elle mourut subitement le 6 février 1804. Un médecin, un de ses adorateurs repoussés, fut soupçonné de l’avoir empoisonnée. Cette mort subite et cruelle la fit entrer dans la légende. Est-ce son fantôme qui hante le Château en rodant la nuit lors des nuits d’orage ? Est-ce sa personnalité ou celle de son père qui imprègne les murs de la demeure, donnant aux lieux une ambiance particulière en exhalant une énergie positive ?

Le souvenir de Fanny au Château est inscrit dans la pierre séculaire. Au-dessus de la porte d’entrée du Château est apposé l’écusson avec les armoiries des Dupré de Dortal, celles de Fanny, accolées à celles des Grimaldi Monaco avec leur devise : « Deo Juvante » et l’inscription « Grimaldi von Bürckwald – vermählt in Wien Oestreich den 6ten May 1802 ».

Tableaux de Fanny et son époux
Armoiries